Sur L'Homme

« Je cultive la tolérance qui est surtout le dialogue dans la dignité. C'est une démarche que j'ai eue depuis mon enfance et je la dois essentiellement à mon père qui a vécu dans une communauté multiraciale, multi-ethnique, multi-religieuse, avec laquelle il cohabitait harmonieusement. » Propos recueillis par Nizar Ben Saâd, Le Renouveau, 8/07/98, p.12.

L'apologie de la différence

« Pour Hédi Bouraoui, le mouvement culturel doit être objectivement fondé sur l'intégration des cultures composites, c'est à dire la reconnaissance par chacune de l'autre, non seulement comme différente mais aussi et surtout comme portant en elle une tentative de recomposition du monde, d'intégration de la rationalité, de l'identité culturelle et de la liberté des hommes et des femmes.

A l'instar de Tzvetan Todorov, Hédi Bouraoui plaide pour un travail de soi sur soi : si l'on s'ignore soi-même, on ne parvient jamais à connaître les autres ; connaître l'autre et soi est une seule et même chose. Réapprendre à être pleinement ce que nous sommes en nous ressourçant à la substance vivante de notre histoire nous permettrait assurément d'affronter dans les meilleures conditions l'interculturel. Nous serions ainsi des sujets capables de créer en permanence des valeurs nouvelles susceptibles de diversifier et d'enrichir le contenu de la civilisation humaine, contribuant ainsi à en faire un véritable rendez-vous du donner et du recevoir. ...

Hédi Bouraoui insiste sur un principe sous-jacent aux Droits de l'Homme qui est celui du droit à la différence. C'est de ce droit à la différence qu'il nous faut bâtir pour cerner le devenir du transculturel, pour chercher à déceler le point de jonction et de conciliation entre les Droits de l'Homme et la relativité des cultures, et pour s'attaquer sans merci aux vérités les plus exclusives. »
Mohammed Chagraoui, Le Renouveau, 14/07/98, p.17.

 

Reconnaissance universelle

« Homme de trois continents, errant perpétuel, il est l'écrivain de la migration, charriant avec elle toutes les sensibilités diversifiées et toutes les cultures plurielles de son itinéraire personnel. Poète de la modernité, par le contenu débordant d'optimisme généreux, il est de tous les combats, féminisme, racisme, écologie. Son lyrisme effervescent rejaillit jusque dans le titre de ses oeuvres... Tous ceux qui viennent d'ailleurs se reconnaissent dans ses poèmes. Poète, il l'est surtout par son goût de la "forgerie" des mots. »Pierre Léon, L'Express (Toronto), 12-18/10/99.

« Chercheur, universitaire, auteur, Hédi Bouraoui est un authentique chevalier de l'esprit et de la culture qui a préféré militer en faveur d'une pensée humaniste avec l'acceptation totale de la différence intraitable. Pour lui, le dialogue des profondeurs à travers les écrits et l'oralité fait que cette différence devient "traitable".

Bien qu'il ait fait du Canada, où il a enseigné pendant quarante ans, une patrie à part entière, ce Sfaxien d'origine n'en a pas moins gardé des attaches réelles et affectives avec sa terre natale, empruntant le flux et le reflux de la mémoire pour essaimer sa parole de pâtre de la fraternité et de la tolérance...

Pour rendre hommage à tous ses efforts entrepris, mais surtout au courage et à la persévérance de cet universitaire, les Editions Albion Press, au Canada, ont fait paraître un livre sous forme d'hommage au poète Hédi Bouraoui. Une reconnaissance  à travers les écrits de nombreux universitaires et poètes de différents continents. Un véritable travail de compilation et d'archivage fut nécessaire à Sergio Villani pour réunir les textes qui composent cette édition. »
Le Temps, Tunis, 19/08/99, p.9.

 

Prix du Nouvel Ontario 1999

 « L'essentiel pour moi est de briser les formes traditionnelles. Il faudrait parvenir à une forme qui corresponde à l'éclatement que nous visons aujourd'hui, à ces problèmes de différences, d'épurations ethniques, de guerres entre civilisations et pays, entre les mêmes tribus, les mêmes ethnies... bref, il faudrait se situer dans son siècle. Ce ne sont pas les formes du XIXe siècle qui expriment les préoccupations de notre temps. Se sont-elles manifestées au siècle dernier? Elles ne se sont pas posées de la même façon. Voyez ce qui s'est  passé au Kosovo : du théâtre presque surréel. On bombarde d'en haut et on laisse faire en bas. Le tout procède à l'élimination d'un peuple. On ne doit pas rester indifférent à ce genre de situation, que ce soit en Palestine, dans l'ex-Yougoslavie ou encore, et de façon plus pertinente, dans d'autres lieux du monde. Il est donc nécessaire de trouver une parole autre qui essaie de prendre en charge toute cette force de haine et de destruction... » Propos recueillis par Abderrahman Ayoub, Le Renouveau, 21/07/99. p.9.

« Un jury composé de membres du nord, de l'est et du sud de la Province a choisi le lauréat parmi les cinq candidats retenus cette année,  proposés par le grand public. Une candidature bien spéciale a retenu l'attention du jury, notamment en raison de son talent, de sa contribution dans les domaines de la poésie, du roman, de l'interculturel, de la francophonie.

Le célèbre Trophée de la Trille, un don renouvelé de l'Institut franco-ontarien, a été remis au "chantre du transculturel" Hédi Bouraoui. La Nuit sur l'étang, Université laurentienne, Sudbury Ontario. »
Le Temps, 17/03/99, p.9.

 

Hédi Bouraoui, l'humaniste

« Ce révolutionnaire de l'écriture se situe par delà les océans, tantôt côté Pacifique, tantôt côté Atlantique, dans l'ancien et dans le nouveau monde. Ses mots secrètent un langage nouveau, émanation de la fusion des sources culturelles de trois continents.

Sa démarche est un perpétuel combat. Le poète écrit par réaction aux maux de notre société, mais aussi pour se réconcilier avec autrui par un partage fraternel. Il dénonce autour de lui l'absurdité des situations, l'exploitation de certains hommes. Il venge par la plume et il conquiert par la narration.

La poésie permet de faire entendre une voix. Celle de ce témoin implacable du spectacle du Monde lance un cri. L'écho qui en résulte grave inexorablement sur la pierre du temps le message du poème contre toutes les formes d'injustice qui couvrent notre planète. "La culture est le chemin de la tolérance, et l'ignorance ne peut être que source de violence".

L'homme de lettres délivre une oeuvre qui brise les chaînes de l'intolérance. Hédi Bouraoui se révèle comme un véritable humaniste. »
Pascal Dupuy, Revue Poésie-sur-Seine, mars 1999, n° 28, p.5.